Istanbul des Ecrivains

Réalisé deux fois pour le compte d’une tour operateur français, en 2012 et 2013, cet itinéraire culturel enrichi de littérature eut des retours enthousiastes!

Il s’articulait autour de deux intervenants, un guide local culturel francophone et un accompagnateur littéraire français spécialiste de la littérature turque.

Sa présentation:

« Pénétrer dans le mystère de la Sublime Porte nécessite des clés : la beauté et l’histoire de la ville inspira bien des écrivains. Après le charme des premiers textes porteurs d’imaginaire, des écrivains orientalistes comme Gautier, Nerval, ou Loti, plusieurs générations d’auteurs turcs ont à leur tour plongé leur plume, ancré leur vie ou leur récit dans ses principaux quartiers, au fils des pages de son histoire tourmentée. Une veine féconde propre à nous faire pénétrer une réalité plus authentique et plus contemporaine. Orhan Pamuk, Nedim Gürsel, Hamdi Tanpinar, Elif Shafak, et tant d’autres, au cours de vos visites nos guides vous les feront découvrir, entendre, parfois rencontrer, afin qu’ils éclairent votre vision. »

Les points forts de son déroulé sur 7 jours, jour par jour:

J1: Istanbul, introduction à l’histoire

Vol régulier Paris / Istanbul.
Arrivée et installation à l’hôtel.
Déjeuner libre.
Après-midi sous forme de promenade à pied.

Promenade dans le quartier jusqu’à la place de l’antique hippodrome, et ses vestiges antiques. Visite de la splendide basilique Sainte-Sophie, baptisée Aya Sofya par l’empereur Constantin, pour glorifier la sagesse divine. Condensé d’histoire, ce joyau de l’architecture byzantine érigé par l’empereur Justinien sur les décombres de l’édifice originel, fut transformé en mosquée sous Mehmet II le conquérant, (sitôt Constantinople rebaptisée Istanbul), puis en musée ouvert à tous sous la nouvelle république laïque de Turquie. Emblématique du destin d’une capitale à la croisée de deux empires, la silhouette métissée de Sainte Sophie, a définitivement façonné le profil unique de la ville-monde qu’est Istanbul. Par l’esplanade animée qui les relie, nous gagnerons ensuite la mosquée Sultanhamet, baptisée mosquée Bleue pour la couleur dominante de sa décoration intérieure. Nous visiterons ce pur chef d’œuvre de l’art architectural islamique, avant de terminer la journée par une flânerie dans le quartier de Kadirga où se niche notamment la perle de la « petite Aya Sofya » ainsi que de nombreux artisans traditionnels.
Dîner et nuit à l’hôtel.

J2:

Istanbul du temps de Byzance et Constantinople

Ce matin, départ pour la visite de Saint-Sauveur-in-Chora (Kariye camii), petit bijou d’art byzantin. Poursuite le long de la grande muraille et halte à l’une de ses portes ou à la forteresse de Yedikule (visite intérieure sous réserve de réouverture), dénommée château des sept tours, dont la vue des terrasses supérieures permet d’embrasser toute la ville et de visualiser la topographie de son développement au fil de l’histoire. Là sera évoquée la prise de la ville en 1453 par les troupes ottomanes de Mehmet II.
Retour par une des portes de l’ancienne muraille et dépose à l’entrée de l’enceinte du palais de Topkapi, dont on contournera le parc pour déjeuner face à la Corne d’Or au restaurant Konak.

Après-midi sous forme de promenade à pied.
L’après-midi sera consacré à la visite du palais de Topkapi où le sultan Mehmet II déménage sa suite et l’administration de l’empire Ottoman dès le XVe siècle. Constitué d’un ensemble de kiosques et de pavillons édifiés au cours des siècles par les sultans successifs, parmi des jardins fleuris et des pièces d’eau, transformé aujourd’hui en musée, il recèle une extraordinaire collection d’objets précieux : reliques du Prophète, bijoux somptueux, porcelaines chinoises et miniatures… Sans compter son joyau, les fascinants appartements du harem !

Autour d’un thé en fin d’après-midi, dans l’enclos d’un kiosque enchâssé dans l’épais mur d’enceinte de ce musée désormais dédié à la littérature turque, le conférencier littéraire du séjour Timour Muhidine proposera un premier aparté sous forme de lectures, où littérature du divan et romans historiques permettront de revivre cette époque ottomane.
Dîner libre et nuit à l’hôtel.

J3:

Istanbul Ottomane

Journée sous forme de promenade à pied.

Notre matinée débutera par l’immersion dans les sous-sols antiques de l’impressionnante citerne-basilique de Yerebatan. Conçue par Justinien pour alimenter en eau le Grand Palais des empereurs byzantins, elle fut plus tard réutilisée pour les besoins de Topkapi. Ses 336 colonnes se mirant dans l’eau, ont également vu passer un certain agent 007… Cette visite rafraîchissante précédera la promenade à pied le long de Divan Yolu, menant aux quartiers de l’Université et à la mosquée Süleymaniye. Timour Muhidine nous proposera de courtes haltes en des lieux évoqués dans la littérature : musée Yahya Kemal, marché aux livres, maison Loti, musée de la presse, café de narguilés, etc.
Visite de la splendide mosquée Süleymaniye, dont la construction portera l’architecte Sinan à son apogée.
Déjeuner au calme dans l’enceinte de la mosquée Süleyamniye, au restaurant Daruzziyafe.

Puis notre promenade nous mènera doucement à pied jusqu’à l’embarcadère d’Eminönü, via de petites ruelles en pente toujours pavées à l’ancienne. Ce quartier encore assez préservé, où subsistent quelques maisonnettes traditionnelles en bois et d’anciens konaks, évoque immédiatement les quartiers de l’Istanbul d’antan. En majeure partie disparus dans les flammes des nombreux incendies qui ravagèrent la ville, ils furent les lieux de déambulation et d’inspiration privilégiés de nombreux auteurs.
Les Orientalistes (Gérard de Nerval, Théophile Gautier) puis Pierre Loti, mais aussi de grands auteurs turcs tels que Ahmet Hamdi Tanpinar, ou Yahya Kemal, furent sensibles à ce pittoresque du vieil Istanbul ottoman, prompte à provoquer la nostalgie mélancolique ou « huzun » décrite par Orhan Pamuk dans son célébrissime Istanbul, souvenirs d’une ville….
Arrivée à l’embarcadère Eminönü, transfert en bateau sur la Corne d’Or jusqu’à Eyüp Sultan, lieu saint où convergent les pélerins, et visite de la mosquée. Puis nous emprunterons le téléphérique survolant le cimetière à flanc de colline, parsemé de cyprès, jusqu’au café Loti. Dans ce lieu préservé aimé de l’auteur, où des photos évoquent sa mémoire, on savoure un moment de tranquillité en admirant la boucle de la Corne d’Or, propice à rappeler l’oeuvre de Loti. Il sera question notamment de Aziyadé ainsi que de Fantôme d’Orient, et de la place particulière de Pierre Loti dans la littérature née de ces lieux. Adulé ou décrié, quelques pages de Nedim Gürsel (De Ville en Ville – Loti à Istanbul) apaisent le débat qui anima les auteurs turcs à son sujet, et lui rendent hommage pour son apport indéniable.
Dîner libre et nuit à l’hôtel.

J4:

Croisière dans les îles aux princes : au début du XXe siècle, la guerre et le démantèlement de l’empire ottoman, la révolution nationaliste kémaliste, Atatürk et la république laïque modernisée

(Jour de fête nationale – des enfants- le 23 avril d’où inversion de cette journée avec la suivante, en rupture avec notre chronologie, pour s’assurer de la disponibilité des bateaux)

Ce matin, nous rejoindrons l’embarcadère pour les îles, via la rive asiatique et l’Istanbul moderne. Notre première escale se fera à Burgazada (dénommé Antigona du temps de ses habitants en majorité grecs). A proximité d’une petite église orthodoxe grecque, l’on peut toujours y admirer la jolie villa de Sait Faik Abasiyanik, nouvelliste très populaire à Istanbul pour le style empreint d’onirisme et de poésie avec lequel il a dépeint petites gens, marginaux et minorités (notamment grecques et arméniennes, autrefois très présentes sur ces îles). Rosie Pinhas-Delpuech relate dans Suites Byzantines certains épisodes douloureux dont elle fut témoin enfant lors de la turquisation qui eut lieu durant la révolution nationaliste, ainsi que le sort difficile des minorités non turques. Petros Markaris fait également revivre l’histoire des Rums (grecs de Turquie) dans son roman policier l’Empoisonneuse d’Istanbul
Puis nous reprendrons le bateau pour rejoindre l’île de Heybeliada.
Déjeuner sur l’île.

Là résidait l’écrivain très populaire Hüseyin Rahmi Gürpinar, dans un joli kiosque ancien perché sur les hauteurs. Transformé en musée, un autre kiosque intéressant de l’île permet de parcourir une page d’histoire importante avec Ismet Inönü, héros de la guerre d’Indépendance, Premier ministre d’Atatürk, et qui lui succède ensuite comme président.

C’est en compagnie de Yigit Bener, écrivain contemporain francophone mais aussi interprète de chefs d’Etats, donc très bon connaisseur de la vie politique turque, que nous poursuivrons cette découverte de l’île dont il est familier.

Au retour des îles, la vue embrasse la rive asiatique où s’étend désormais la mégalopole moderne stambouliote, d’où émergent quelques bâtiments comme l’Université, de style néo-ottoman adopté par les jeunes turcs comme style « national ». (D’autres exemples à Beyoglu – façades avenue Istiklal – ou à Sultanhamet – ancienne Poste ou Hôtel Four Seasons notamment).
Dîner libre et nuit à l’hôtel.

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J5:

Istanbul des XVIIIe et XIXe siècles, le virage occidental : quartiers à l’Est de la Corne d’Or, l’ancien Péra cosmopolite, la mosaïque culturelle et les influences occidentales sur la ville

Matinée sous forme de promenade à pied.

Ce matin, nous traversons la Corne d’Or pour longer ensuite le Bosphore. Proche de l’arrêt et embarcadère de Kabatas, la nouvelle mosquée « moderne » indique le tournant architectural du XIXe avec son armature en acier, métissage de baroque et de néoclassique. Un peu plus loin, une porte monumentale marque l’entrée des jardins et du palais impérial de Dolmabahçe. Changement de décor radical pour le sultanat en sursis, qui quitte Topkapi sous la houlette du jeune sultan Abdülmecit, et se met, au propre et au figuré, à l’heure occidentale : La Tour de l’Horloge et le Musée aux horloges sur place en témoignent… Ces dernières, symbole des temps modernes, envahissent les maisons et palais, comme nombre d’objet occidentaux. Visite du palais, et de ses fastes ruineux, propres à impressionner les ambassadeurs du monde entier, (cristaux, tapis, porcelaines, salles de réception) sa décoration à l’européenne envahissant même la sphère plus privative du Harem étonnamment dépouillé.
Pause-café dans l’enceinte du palais, cadre idéal pour évoquer avec Timour Muhidine certains des écrivains qui vécurent ce tournant occidental. Par exemple Ahmet Hamdi Tanpinar et l’Institut de remise à l’heure des montres et des pendules, ou Nâzim Hikmet et son oeuvre poétique à la croisée des influences orientales (la poésie du Divan) et françaises (Verlaine, Baudelaire…).
Après cette pause, nous rejoindrons notre lieu de déjeuner du côté de Tophane, dans un restaurant panoramique permettant d’embrasser la vue magnifique sur la Corne d’Or. Lors de ce déjeuner, il sera aisé d’imaginer la manière dont ce quartier particulièrement animé, jouxtant les berges de la Corne d’Or et leur intense activité maritime, a inspiré de nombreux auteurs, provoqué leur spleen ou leurs rêveries…

De ce quartier de l’ancien port, nous cheminerons jusqu’au quartier de Beyoglu avec un arrêt au musée de l’Innocence créé par Orhan Pamuk (d’après son roman éponyme) et au musée du cinéma, 7ème art auquel nombre d’auteurs turcs apportèrent leur talent en tant que scénaristes. En partant ensuite du lycée franco-turc de Galatasaray où fut formée une part importante de l’élite turque dès la moitié du XIXème siècle, découverte de l’avenue Istiklal, empreinte de la présence étrangère : ambassades, façades d’immeubles Art Nouveau et art néo-ottoman, passages couverts, commerces… C’est la Péra cosmopolite, honnie de Loti car vendue aux puissances occupantes, opposée à la Stamboul ottomane… Tout en évoquant Tanpinar ou David Boratav, mais aussi Demir Özlü ou Pamuk, tous familiers de ce quartier, nous découvrirons ses hôtels 1900, ses librairies, ses passages, notamment le passage aux fleurs et celui des bouquinistes, puis enfin la place Tünel, où nous ferons halte au musée du soufisme et de la littérature du divan sis dans un ancien Tekke. Encore vivace à l’époque des derniers sultans, ces congrégations religieuses, émanations de grands maîtres d’obédience musulmane, vont perdre en importance avec la laïcisation de la société turque au XXe siècle. L’éducation artistique de ses membres incluait musique et poésie, et quelques grands poètes du divan en sont issus. Joli cimetière clos et espaces extérieurs permettront une évocation du tournant pris par la poésie après cette époque où elle répondait encore à un code formel strict comme les miniatures dans l’art pictural. (cf. Orhan Veli et ses vers libres de Va jusqu’où tu pourras et l’anthologie de poésie turque contemporaine J’ai vu la mer).
Arrivée en fin de journée à la tour de Galata bâtie à la fin du XIVe siècle par les colons génois. Successivement phare et tour de guet, forteresse et observatoire pour lutter contre les perpétuels incendies, celle-ci offre un magnifique panorama à 360° sur les deux rives de la Corne d’Or et l’embouchure du Bosphore avec la mer de Marmara.

Dîner libre avec possibilité de soirée musicale, sur demande,  et retour à l’Hôtel.
Nuit à l’hôtel.

J6:

La nouvelle Istanbul entre Europe et Asie : la jonction du Bosphore. Croisière

Journée avec Timour Muhidine, consacrée à une découverte du Bosphore, vue de ses rives puis vue de l’eau au cours d’une petite croisière.  

En plus des évocations littéraires liées au Bosphore, dont les textes réunis dans l’anthologie Rêves de Bosphore par Timour Muhidine, la journée sera l’occasion d’introduire plusieurs thèmes chers à différents auteurs contemporains liés à la ville d’Istanbul et la société turque en pleine mutation.

Départ de l’hôtel en car pour  un premier rendez-vous exceptionnel sur la rive Est du Bosphore, avec Nedim Gürsel (*), au pied du château d’Anadalü Hisar, érigé à la fin du 14ème siècle par le sultan Ottoman Bejazet 1er en vue de conquérir Constantinople. Mehmet II accomplira ce projet en 1453, et bâtira sur la rive opposée la forteresse de Rumeli Hisar pour contrôler définitivement le détroit.

L’auteur mondialement consacré d’Un long été à Istanbul et de tant d’autres romans liés à la ville, se prêtera à un échange autour de son œuvre, son rapport particulier à Istanbul, et la place toujours importante de cette ville dans la genèse de son écriture, même dans ses écrits les plus récents.

Poursuite en autocar le long des rives du Bosphore jusqu’à Kanliça et embarquement pour une petite croisière agréable qui nous mènera jusqu’à Bebek, après une boucle nous permettant de contempler ce cadre bucolique éminemment inspirant, ainsi que quelques beaux yali, maisons de villégiatures traditionnelles en bois, prisées pour leur fraîcheur estivale.
Arrivée à Bebek et déjeuner dans un restaurant de poisson sur la rive du Bosphore.

A l’issue de ce déjeuner, Timour Muhidine présentera l’évolution littéraire récente et ses auteurs, autour de deux thèmes majeurs : sociaux à travers les migrations et la croissance anarchique de la ville ; puis politique avec la parole libérée sur les blessures de l’histoire : les minorités, arméniennes, kurdes, la place de la femme, la répression politique et le rapport à la religion. Des thèmes plus existentiels ou intimistes émergent aussi, tels le couple, l’identité, ou bien encore l’individu.
Visite de Bebek et de ses quartiers animés, où se réfugièrent à partir de 1936 un certain nombre de professeurs juifs allemands. Lieu littéraire où résida également l’auteur turc Tevlik Fikret, dont on pourra visiter (si le temps nous le permet) la délicieuse maison Asiyan : «  Le Nid », du XIXème siècle aujourd’hui transformée en musée.
(*)NB : en cas d’empêchement de l’auteur, c’est l’auteur contemporain renommé Hakan  Günday, plume montante de la nouvelle génération d’écrivains stanbuliotes, qui se joindra à nous durant cette journée.

Retour en car et fin de journée libre.

Possibilité, pour ceux qui le souhaitent, de se ressourcer en profitant d’une pause dans un des meilleurs hammams traditionnels de la Vieille Ville, ou de visiter le Grand Bazar (plan et petit historique distribué au préalable) ou le coloré bazar aux épices toujours très actif en fin de journée. Sélection de qualité d’articles d’artisanat dans l’espace aménagé par l’office du tourisme non loin.
Dîner libre. Nuit à l’hôtel.

J7:

Retour à Paris

Matinée et déjeuner libres.
Possibilité, pour ceux qui le souhaitent, de poursuivre déambulation, soins orientaux ou éventuelles visites individuelles complémentaires selon des suggestions qui vous seront faites par nos conférencier et guide.

Votre guide local vous suggérera par ailleurs diverses visites complémentaires comme par exemple, à proximité, la jolie mosquée aux faïences d’Izmir (Rüstem Pacha). En accès rapide par le tram, le musée Istanbul Modern à Tophane, retraçant l’histoire de la peinture turque et de nombreuses œuvres très intéressantes d’artistes contemporains ainsi que des photos, agrémenté d’une cafétéria offrant une splendide vue panoramique sur la ville. (Déjeuner possible sur place).
Un peu plus loin et pour les amateurs d’histoire et de bateaux, le musée de la Marine à Besiktas permet d’admirer notamment quelques pièces remarquables comme d’anciens caïques reconstitués, ces frêles embarcations évoquant les paysages anciens de la navigation sur la Corne d’Or et le Bosphore.

Puis transfert à l’aéroport dans l’après-midi, et vol retour pour Paris. Arrivée en fin de soirée.